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CHAMBRES RÉUNIES


au sujet de Dreyfus[1]. Le bureau des renseignements, où Freycinet n’avait appelé ou maintenu que d’anciens camarades d’Henry, — le commandant Rollin[2], les capitaines Fritsch, François et Mareschal[3], — décida nécessairement de capituler. Bien que Billot lui-même eut trouvé trop honteux de continuer à payer le silence de Lajoux[4], Rollin proposa de lui allouer une mensualité de 200 francs et une somme ronde, à titre de gratification, à condition qu’il retournât sur l’heure en Amérique. Freycinet consentit à tout, signa tout ce que voulut Rollin, envoya à Lajoux un des officiers du bureau pour lui remettre l’argent et le rembarquer[5]. — Un peu avant, dès que Freycinet avait connu les dépositions de Sébert, de Moch et d’Hartmann, il en avait demandé la réfutation au général Deloye, directeur de l’artillerie, et il avait fait verser « ce travail spécial » au dossier de la Cour[6]. Plusieurs des observations de Deloye étaient exactes ; d’autres, étonnantes ; ainsi : « Un artilleur a pu dire indifféremment hydraulique ou hydropneumatique (en parlant du frein) et une pièce s’est conduite ou une pièce s’est comportée. » Il donna quelques fausses dates, soit qu’il eût été trompé lui-même, soit pour corser sa thèse, et insista, contre l’évidence, sur

  1. Rennes, II, 16, lettre de Lajoux à Galliffet.
  2. Voir t. I, 24.
  3. Voir, t. IV, 221. — Mareschal avait remplacé Lauth vers la fin de 1897 ; les nominations de François, Fritsch et Dautriche (en remplacement de Gribelin) sont de fin 1898 ; Rollin prit le service au commencement de janvier 1899.
  4. Rennes, II, 21, lettre de Billot à Hanotaux, du 10 mars 1898.
  5. 17 mars 1899. (Rennes, II, 11, 13 et 21, Rollin ; III, 310, Galliffet.) Le capitaine François avait pour instructions « de s’assurer du départ de Lajoux et de ne lui faire remettre la somme qu’une fois embarqué sur le paquebot ».
  6. Cass., II, 320, note de Deloye « pour M. le Ministre », du 12 février 1899, et lettre de Freycinet à Lebret, du 13.
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