XI
Le jour même[1] où Zola partit pour l’Angleterre, Henry se rendit chez Bertulus, et cette grande bataille faillit se décider, tourner au désastre pour ce principal acteur du drame, dans l’étroit cabinet où naguère, sans le soupçonner encore, je l’avais atteint, derrière Lemercier-Picard, d’une première accusation de faux.
Ils se connaissaient, comme on l’a vu, de vieille date, et ils avaient été bons camarades. Pourtant, depuis quelque temps, Henry tenait le nouvel ami de Picquart pour l’un de ses plus dangereux ennemis, et Bertulus, depuis quelques jours, après avoir attribué jusqu’alors à Henry un rôle subalterne, entrevoyait on ne sait quelle mystérieuse association entre son ancien ami et Esterhazy. Le mémento avec le mot de « Bâle et le nom de « Cuers » ; une lettre, qui lui avait été communiquée, d’Esterhazy à Jules Roche, avec ces phrases : « Henry est mon débiteur depuis 1876 ; je lui ai prêté quelque argent qu’il me doit encore ; cela explique bien des choses…[2] », furent pour le juge des traits de lumière.
Il le reçut cordialement, à son ordinaire, et, d’abord, se tâtant, « ils causèrent de choses et d’autres[3] ». Quand l’officier déclina ensuite sa mission, « voir et emporter tous documents qui paraîtraient intéresser la défense extérieure de l’État[4] », Bertulus expliqua