Cependant le dépouillement des papiers saisis justifia à la fois les espérances de Bertulus et les craintes d’Henry. Il y avait là des documents de tout genre et singulièrement compromettants. C’étaient les grilles dont Esterhazy se servait pour sa correspondance avec Henry et avec Du Paty ; le brouillon de sa lettre à Pellieux pour demander à passer devant le conseil de guerre, avec les corrections de la propre main du général ; un autre projet de lettre à Du Paty, au sujet du bordereau et de la pression à exercer sur les experts ; des notes pour Gonse ; des billets d’Henry ; la copie du plan de campagne qu’il avait fait remettre par Pellieux à Boisdeffre avant le procès de Zola, et que Boisdeffre avait adopté et suivi ; des notes sur des conversations avec Strong et Wilde ; une lettre, écrite en anglais, sur les rapports de Dreyfus avec Schmettau à Bruxelles, à l’hôtel du Grand-Monarque et la traduction de cette lettre ; un résumé de ces histoires ; un petit bleu de Pauffin de Saint-Morel qui demandait un rendez-vous ; un autre petit bleu de Guérin qui invitait Esterhazy à lui faire rembourser par l’État-Major ses dépenses à l’époque du procès Zola ; les comptes des tape-dur patriotes ; la lettre d’Henry au sujet du duel projeté avec Picquart, où Gonse était nommé[1] ; enfin un mémento, avec les mots de « Bâle » et de « Cuers[2] », qui se trouvaient également sur deux autres pièces[3] ; il en résultait à l’évidence qu’Ester-
- ↑ Cass., I, 225, 226, Bertulus ; II, 234, 235. 236, Esterhazy ; I, 625, 634, Roget. (Scellés 1, 4 et 6).
- ↑ Cass., I, 225 ; II, 19 ; Rennes, I, 150, Bertulus ; Cass., I, 364, Cuignet ; II, 255, procès-verbal du 21 juillet 1898, signé Esterhazy, Henry, Pays, Bertulus, André (Scellé 4, cote 22).
- ↑ Chambres réunies, lettre de Bertulus au président Lœw avec les numéros et les cotes de ces pièces ; procès-verbal du