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CAVAIGNAC MINISTRE


des initiales P. D. C.[1]. D’ailleurs, l’intervention de Du Paty s’expliquait fort bien ; il défendait son œuvre de 1894, où il s’était montré déjà « esprit romanesque et présomptueux » ; il cherchait, en même temps, à « contrecarrer l’œuvre de Picquart », son ennemi personnel[2]. Henry, par contre, malgré ses conflits et son duel avec Picquart, n’est poussé par aucune animosité[3]. S’il affirme qu’il n’a pas vu le petit bleu dans le cornet, il se refuse, « de peur d’erreur possible », à dire que le petit bleu n’y était pas. Or, comme Roget a acquis par lui-même la preuve que Picquart a gratté et falsifié l’adresse de la carte, la circonspection même d’Henry à l’endroit de son ancien chef démontre sa sincérité[4].

Gonse confirma ces récits d’Henry, puisqu’il les tenait lui-même de ce bon serviteur[5], et Tézenas convint que Du Paty avait été amené chez lui par Esterhazy.

Henry avait fait ses délations à Roget dans les derniers temps de Billot[6] ; les rétracterait-il sous Cavaignac, qui était le cousin de Du Paty ?

Si la question se posa à Henry, il n’hésita pas longtemps. Non seulement il ne retrancha rien de ses confidences antérieures, mais il y ajouta, révéla à Roget l’entrevue de Montsouris. Et ce qui démontrait, ici encore, sa parfaite véracité, c’est qu’il confessait sa propre faute en même temps que celle de Du Paty et de Gribelin. Il avoua à Roget qu’il avait eu le tort, ce jour-

  1. Cass., I, 102 ; Rennes, I, 320, Roget. — Voir t. II, 658.
  2. Cass., I, 103 ; Rennes, I, 324, Roget ; Cass., I, 346, Cuignet.
  3. Cass., I, 639, Roget ; 110, « Bien que ce fût une nature grossière et passionnée. »
  4. Ibid., I, 102, Roget. — Voir t. III, 610.
  5. Rennes, I, 323, Roget ; Cass., I, 567, Gonse.
  6. Cass., I, 625, Roget.