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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Les choses se passèrent plus simplement : Pellieux, au dernier moment, eût peur.

VI

Le dénouement fut brusque et presque bouffon.

Pendant que la pompe funèbre de Faure se déroulait, au milieu d’une grande affluence, à qui la magnificence du spectacle faisait oublier pour un instant les querelles, et respectueuse de la mort, — tous les grands corps de l’État réunis autour du nouveau Président de la République et confiants également dans le peuple de Paris et dans l’armée, — Pellieux, à cheval et en service

    vernement, on prévint le général sur qui Déroulède comptait que des indiscrétions avaient été commises… etc. » Méry dit formellement qu’il s’agit de Pellieux. — Déroulède, dans son discours de Saint-Sébastien, termina en ces termes le récit de l’incident : « Le lendemain, de midi à quatre heures, une main mystérieuse avait bouleversé les préparatifs concertés : l’emplacement, la dislocation, l’ordre, le commandement des troupes étaient changés ; le soir, Marcel Habert et moi nous étions arrêtés… J’affirme que ma tentative n’a échoué que parce que les royalistes avaient compris que je ne laisserais jamais toucher à la République. J’en ai eu sur l’heure le pressentiment, j’en ai depuis quelques mois la certitude… Il n’y a pas que des sectaires rouges, il y a aussi des sectaires blancs. » Buffet protesta aussitôt que « les royalistes n’avaient envoyé aucun émissaire à Déroulède » et « qu’ils ne l’avaient pas dénoncé ensuite au Gouvernement », ce que Déroulède n’avait pas dit, mais insinué. Déroulède lui envoya alors ses témoins, après avoir formellement maintenu son récit contre « MM. les conseillers du Roi », et une rencontre fut décidée « pour avoir lieu en Suisse » ; mais la police de Lausanne l’empêcha. (Mars 1901.) — Esterhazy dit simplement : « Ces gens-là (les généraux) ont très bien pu promettre leur concours et flancher après. » (Matin du 17 mars 1899.) Selon une autre version, Arthur Meyer, à qui Castellane avait également raconté sa scène avec Déroulède, aurait fait prévenir Pellieux, par De Maizières, des menaces que le chef des Patriotes avait proférées contre le Duc.