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MORT DE FÉLIX FAURE


calomnies, les hontes et les fureurs du passé), pendant que des fous passaient pour des augures et que les hommes de l’esprit le plus fin chutaient dans le comique. — Lemaître, en formulant sa défense à l’Assemblée nationale d’élire le président du Sénat à la Présidence de la République, se prenait au sérieux.

III

Ces violences ne firent, cette fois, que fortifier les républicains dans leur résolution et les groupèrent plus étroitement autour de Loubet. Ils avaient déjà sacrifié trop de bons citoyens à la haine des ennemis de la République, haine experte à mêler le vrai elle faux et qui prit toujours le masque de la vertu ou du patriotisme, et à la peur d’être eux-mêmes éclaboussés. Loubet, en raison même des outrages dont il était l’objet, avait tenu à présider l’Assemblée nationale. Près de cinq cents républicains le saluèrent, dès qu’il monta au fauteuil, d’une ovation qui était une élection par acclamation, et quand Déroulède, puis Drumont firent mine de parler, des huées formidables les accueillirent. Déroulède, qui, le matin, annonçait qu’il donnerait sa voix à Dupuy[1], refusa alors de voter, « parce que l’élection du chef de l’État appartient au peuple », et somma Loubet, qui haussa les épaules, de s’expliquer sur les allégations de Quesnay. Méline vota pour Loubet, mais n’afficha pas dans les couloirs, comme l’avaient fait autrefois

  1. Galli, loc. cit., 125. — Il l’avait dit également à Rochefort, qui en déposa. (Procès Déroulède, 10 mai 1899.)