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MORT DE FÉLIX FAURE


faculté de s’illusionner, Quand ils avaient rédigé le brouillon d’une lettre au général Metzinger pour l’engager à mettre son épée au service du Roi[1], ou d’une proclamation de Philippe à son entrée dans le royaume de ses pères[2], ou des décrets de nomination d’un tas de fonctionnaires, « pour ne pas être pris au dépourvu comme les gens du 4 septembre », ils croyaient ces bons serviteurs en place, le général en marche et le prince dans ses Tuileries reconstruites. Quelques mauvais garnements qu’ils avaient recrutés n’auraient nullement répugné « à décerveler d’ignobles youpins avec des baya-

  1. Haute Cour, V, 170, scellés Buffet, pièce n° 27 : « Mon cher général, c’est à vous que je veux plus particulièrement m’adresser comme à un des représentants les plus élevés de l’armée… Je ne saurais oublier que, parmi vos services de guerre, un des plus marquants est cette campagne de Madagascar… Un moment peut venir où le danger qui menace mon pays m’obligera à me souvenir des graves devoirs que m’impose le droit national dont ma naissance m’a fait le représentant… Ce n’est pas un appel que je vous adresse : je tiens seulement à vous dire que si, avec l’aide de Dieu et le concours de la nation, je reprends un jour ma couronne, j’aurai à cœur de rendre à l’armée le prestige qu’elle doit avoir… etc. » — Buffet (16 novembre 1899) dit que « c’était une lettre type », « que le projet n’avait pas été accepté par le prince ». D’autre part, lors du procès des Ligues, il dit au juge Fabre « qu’il n’avait jamais eu de rapports avec un général, mais que, s’il croyait pouvoir par l’un d’eux rétablir la monarchie, il considérerait de son devoir de le lui demander ». (20 avril 1899). Lur-Saluces avoua franchement l’intention arrêtée de faire un coup avec l’armée (II, 110, à Cordier). De même Guérin (Antijuif du 22 janvier 1899, Dubuc (IV, 105), etc.
  2. Haute Cour, V, 170, pièce 5 : « J’ai dit : Le jour où mon pays aura besoin de moi, je rentrerai malgré tout. L’heure est venue, je tiens ma parole, je rentre… etc. ». — Aux perquisitions, on trouva deux projets de proclamation, l’un dont Buffet s’avoue l’auteur « pour une partie », l’autre qui fut revendiqué par Sabran et qui daterait de 1898. (V, 173, Buffet ; 16 novembre 1899), Buffet et Sabran.) « C’était, dit Buffet, des exercices d’esprit. »
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