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MORT DE FÉLIX FAURE


grès qu’il avait, malgré Dupuy, fixée au lendemain, tous les sénateurs républicains se dressèrent et l’acclamèrent par trois fois. Très ému et comprenant le sens de cette manifestation, il prononça l’éloge du mort dans les termes qu’il fallait et, aussitôt, les applaudissements éclatèrent à nouveau et les cris prolongés de « Vive la République ! » à son adresse. Les républicains du Sénat tinrent ensuite une réunion plénière où, tout d’une voix, des plus radicaux aux plus modérés, on proclama sa candidature[1]. Même quelques membres de la Droite se prononcèrent pour lui, un peu par esprit de corps, car tous les présidents avaient appartenu jusqu’alors à l’autre Chambre, et parce que sa probité, son caractère aimable et loyal, inspiraient confiance. Les groupes républicains de la Chambre (les anciens opportunistes, la gauche démocratique, les radicaux et les socialistes) l’acclamèrent à leur tour, et leurs délégués[2], se joignant à ceux des groupes du Sénat, allèrent lui offrir la candidature, qu’il accepta.

Les progressistes de la Chambre, si la passion ne les avait pas rendus proprement imbéciles, eussent fait contre mauvaise fortune bon visage et se seraient mis avec la majorité des républicains. Au contraire, ils s’obstinèrent à porter Méline et se persuadaient qu’ils le feraient passer, comme autrefois Félix Faure, avec l’appoint de la Droite. Méline, plus sage, quand il connut l’acceptation de Loubet, retira la sienne qu’il avait donnée, dans les premières heures de l’après-midi, aux progressistes, au nombre de quatre-vingts environ, que présidait Barthou, et aux ralliés, que présidait le vi-

  1. Par 177 voix (17 février 1899).
  2. Bourgeois, Millerand, Isambert, Pelletan. Sarrien, Viviani, Étienne, Thomson, Maurice Faure, etc. Brisson se rendit également chez Loubet.