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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


quence de nouvelles exigences, d’ailleurs logiques : « Il est inadmissible que les magistrats limonadiers, que des instructeurs flétris, soient appelés à siéger dans le tribunal définitif : il faut coûte que coûte recommencer l’enquête en dehors du fameux trio » ; il faut remplacer le procureur général « convaincu de passion[1]. D’ailleurs, d’autres « turpitudes « avaient été révélées à Quesnay : « Deux officiers m’ont prévenu que, la Chambre criminelle ayant examiné une pièce secrète, dès le lendemain, ce document fut connu d’un agent officiel de la Triple-Alliance[2]. » Enfin Cassagnac, sur le bruit que les chambres réunies casseraient sans renvoi, signifiait que « personne, en France, n’accepterait un tel verdict, à l’exception des juifs et des sans-patrie ». Maintenant, il s’affolait à l’idée que l’innocent sortirait de son bagne, que l’iniquité, quand même, serait réparée. Il fallait qu’elle restât, comme la marque d’autrefois, sur la chair de la République.

De l’autre côté, les revisionnistes tinrent bon sous l’avalanche la plus violente d’inventions atroces ou stupides qui se fût encore abattue sur Dreyfus et sur eux :

Soyons calmes, confiants plus que jamais. Toutes ces convulsions, imbéciles ou furieuses, ce sont signes précurseurs de la prochaine victoire. Pour qu’un parti soit réduit à de pareilles machinations, il faut qu’il se sente perdu. Il l’est[3].

    à déclarer publiquement sa satisfaction d’un résultat auquel les manifestations de la Ligue ont certainement contribué. »

  1. Libre Parole et Intransigeant du 31 janvier 1899 ; Écho du 2 et du 7 février ; Autorité du 5, etc.
  2. Trarieux, désigné nominativement comme le « traître » par plusieurs journaux, demanda à Freycinet de rechercher « ces deux officiers ». Freycinet répondit qu’il garantissait Chanoine et Cuignet, et « tous les officiers de l’armée active », (7 février.)
  3. Siècle du 6. (Crépuscule des traîtres, 202.)