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LE DESSAISISSEMENT


l’arrêt de la Cour de cassation, « sans arrière-pensée de revenir, par leurs actes, sur cette acceptation ; — ils consentiront, traduit Barrès, « à soumettre, par raison nationale, leur raison individuelle devant la vérité judiciaire »[1] ; — mais à la condition formelle que « le jugement soit remis aux Chambres civiles ou à toutes les chambres réunies »[2].

La direction de la Ligue fut partagée entre Coppée, franchement bonapartiste, et Lemaître, qui se disait républicain, l’un libre penseur et l’autre catholique, tous deux cléricaux[3]. Leur propagande s’exercera, légalement, par la presse et les réunions. Ils laisseront à Guérin les grosses besognes de la rue et les coups dangereux à Déroulède.

VIII

Le premier président Mazeau, sénateur, ancien garde des Sceaux, le plus haut magistrat de France, et n’ayant plus rien à attendre des hommes, était cependant servile, avec l’air noble et imposant. De ses deux assesseurs[4], l’un, Dareste, était un savant ; l’autre, Voisin, un ancien préfet de police sous Mac-Mahon.

  1. Barrès, loc. cit., 68.
  2. Discours du 19 janvier. — Déroulède envoya 1.000 francs pour afficher le discours de Lemaître.
  3. Parmi les autres membres du comité, Barrès, Cavaignac, Forain, Alfred Rambaud, Giard, de Mahy, Brunetière, Marcel Dubois, Détaille, Mistral, le colonel Monteil.
  4. Il les prit dans l’ordre du tableau, excluant Petit, doyen de la Cour, et Lepelletier, « comme ayant fait partie de la commission chargée de donner son avis sur la Revision », et