CHAPITRE PREMIER
CAVAIGNAC MINISTRE
I
Cavaignac, en arrivant au ministère de la Guerre, déclara qu’il allait « liquider l’Affaire ». Comme l’éternel Castelin avait déposé une nouvelle interpellation sur Dreyfus, il demanda huit jours pour étudier le dossier[1]. Son premier mot, à Gonse, fut pour le réclamer.
Billot, lui aussi, avait connu le dossier ; mais ni Méline ni lui n’avaient consenti à produire publiquement leurs preuves. C’était leur grande force, que les adversaires de la revision avaient dénoncée comme une faiblesse. Obstinément, jusqu’au bout, Méline se cramponna à la chose jugée. Point d’autre argument, mais invincible. C’était, sur Dreyfus, la pierre du sépulcre, impossible à desceller.
Tout de suite, Cavaignac soulevait cette pierre. Donc, la chose jugée ne se suffisait plus à elle-même. Par cela seul qu’il annonçait son intention de se faire une con-
- ↑ 30 juin 1898.