vingt-quatre heures de réflexion, répondit : « Mon cher Bard, je ne lis pas les journaux… J’ai parlé de l’incident à deux ou trois collègues, mais j’ignore comment le fait a pu parvenir jusqu’à la presse. « Il signa : « Votre vieil et sincère ami[1]. »
En laissant la charge du démenti à Bard[2], il savait fort bien, avec la malice et l’astuce des demi-fous, ce qu’il faisait ; son silence parut une confirmation[3]. L’incident fut en conséquence précisé, avec de nouveaux détails, par les journaux : Quesnay était en train de chasser Picquart de son cabinet quand Bard, y pénétrant et sans apercevoir le magistrat, aurait dit au prévenu : « Voilà la déposition de Gonse, je crois que nous le tenons. » — Picquart déposa en novembre, Gonse en décembre ; dès que l’impossibilité matérielle du propos fut signalée, on remplaça simplement le nom de Gonse par celui de Roget. — « Je crois, Messieurs, se serait écrié Quesnay, que je suis de trop dans vos affaires[4]. » Les Chambres s’étant ajournées à janvier, Millevoye fit savoir aussitôt que, dès la rentrée, il interpellerait[5], et Drumont se chargea de mettre Lebret au point, par ses procédés ordinaires. Il lui fit l’honneur de quelques injures, annonça que les patriotes préparaient une réunion à Caen, sa circonscription, et qu’il y serait invité à démissionner[6]. Il secoua également Dupuy qui s’était
- ↑ Eug. Mazeau, 82, lettre de Quesnay, du 26 décembre 1898.
- ↑ Agence Havas du 26. — Bard déclare qu’il était venu prévenir Picquart que sa déposition était ajournée ; il ne l’avait jamais vu auparavant.
- ↑ Libre Parole du 29 : « Son silence est éloquent ; il équivaut à une confirmation. »
- ↑ Gaulois, Écho, Libre Parole, etc.
- ↑ Prache, Firmin Faure et Massabuau annoncèrent également des interpellations.
- ↑ Libre Parole du 28. — Drumont rappela la circulaire « où Lebret avait renié Trarieux et Reinach ».
