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LE DESSAISISSEMENT


alors inconnus, leur ingénieuse imbécillité en est à peine accrue.

Panizzardi écrit à Schwarzkoppen qu’il va recevoir l’organisation du service militaire des chemins de fer ; on ignore s’il l’a reçue ; mais « Dreyfus venait de quitter le quatrième bureau » qui s’occupe de ce service[1].

Pour absurde que fût l’argument, un conseiller fit observer que la pièce n’était pas datée. Cuignet en convint : « Elle porte simplement, à l’encre rouge, de la main d’un officier du service des Renseignements, la date d’avril 1894. » Or, l’officier était Henry et la lettre, comme on le sut plus tard, était du 28 mars 1895, alors que Dreyfus, arrêté depuis six mois, venait de débarquer à l’île du Diable. Sandherr lui-même avait transcrit sur un bordereau spécial la date exacte, qui résultait encore d’une autre note de Panizzardi. Tranquillement, comme il l’avait fait pour la pièce au grattage, Henry avait inscrit la fausse date et coupé un coin du papier où se trouvait la vraie[2].

Autre chose : Schwarzkoppen écrit à Panizzardi « qu’il va lui envoyer les deux premières parties d’un cours de l’École de guerre (professé) en 1894, sur l’organisation défensive des États » ; Dreyfus a suivi les cours de 1890 à 1892 ; dans la collection qu’on en a saisie chez lui, « la troisième partie du cours de fortification non seulement n’est pas reliée, alors que les autres cours le sont, mais elle a été retrouvée incomplète et répartie entre plusieurs paquets » : (une note explicative de Rollin, le nouveau chef du service des Renseignements, et de Cuignet lui-même, l’affirme formellement) ; et, comme Schwarzkoppen, de son propre aveu, a reçu également

  1. « La pièce 26 n’est pas datée par son auteur… etc. » (I, 359).
  2. Enquête de 1903. Voir t. V, 256 et 257.