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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


dus aveux que par les journaux ; Poincaré et Barthou savaient que Lebrun « n’en avait rien dit à Dupuy ». Dupuy en convint, et de même Casimir-Perier, de son ton tranchant : « Lebrun ne m’a pas parlé des aveux de Dreyfus[1]. »

Un inspecteur général des services administratifs déposa que tous les fonctionnaires de l’ordre pénitentiaire, les simples gardiens qui avaient vu Dreyfus, étaient convaincus de son innocence[2].

Enfin, une commission rogatoire fut envoyée à Cayenne, et le président de la Cour d’appel se transporta à l’île du Diable. Dreyfus s’étonna de cette nouvelle invention, dénia formellement « les absurdes propos » qu’il aurait tenus au Dépôt ; il raconta sa conversation avec Lebrun, telle qu’il avait suffi d’un peu de bon sens aux honnêtes gens pour la rétablir[3].

Sur la rencontre qu’un ingénieur aurait faite de Dreyfus à Bruxelles, Lonquety confirma qu’il l’avait vu dans un restaurant, mais que « sa présence ne lui inspira aucune réflexion particulière »[4].

C’était, avec les aveux, un des principaux arguments de Cavaignac, qui le tenait d’Ocagne.

Dupuy, quand Lœw se rendit au ministère de l’Intérieur pour l’interroger, raconta assez exactement ce qui s’était passé en 1894 ; il avait dit récemment à deux députés : « Je me demande si nous n’avons pas été victimes d’une mystification[5]… », mais n’en paraissait pas autrement ému.

  1. Cass., I, 291, Guérin ; 293, Poincaré ; 336, Barthou ; 659, Dupuy ; 332, Casimir-Perier.
  2. Ibid., I, 406, Fournier.
  3. Ibid., I, 814, 815, Dreyfus.
  4. Ibid., I, 514, Lonquety.
  5. À Poincaré et à Lanessan. (Cass., I, 649, Dupuy.)