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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


l’armée, — ce qui excluait Zola, mais personne n’avait osé réclamer pour lui[1]. Comme le prince s’impatientait, Guérin lui annonça une manifestation pour le 12 décembre, quand Picquart paraîtrait devant le conseil de guerre, et convoqua ses hommes, en même temps que Déroulède faisait appel aux siens. Malgré l’arrêt de sursis, les royalistes se rendirent, avec Sabran, de Ramel, son écharpe de député en sautoir, et Godefroy, aux abords du Cherche-Midi, où ils trouvèrent Millevoye, Marcel Habert et le colonel Monteil, mais surtout une masse de police qui les dispersa. Le duc d’Orléans n’en reçut pas moins un bulletin de victoire : « Succès d’estime. Environ 2.000 hommes. Mais la police n’a pas laissé passer. C’est à recommencer[2], »

Picquart leur ayant été soustrait par la Cour de cassation, les fauteurs de guerre civile se jetèrent sur moi.

II

L’occasion fut une suite d’articles sur Henry et Esterhazy.

On ne pouvait faire un pas dans cette histoire, que je

  1. 21 novembre 1898. — La loi fut arrêtée par la commission du Sénat. Ranc fit observer à Dupuy que Zola était exclu de l’amnistie : « Parfaitement, reprit-il, et je juge cette exception nécessaire. » (7 décembre.)
  2. Haute Cour, I, 103, télégramme du 12 décembre signé Chevilly. — La dépêche n’émanait pas de Chevilly, mais de Thuret, membre du service d’honneur du duc. (Réquisitoire du procureur général Bernard ; de même Buffet, Chevilly.) Buffet prétendit avoir été étranger à la manifestation ; tous les autres convinrent de leur participation. Monteil déclara que « la fédération des ligues » datait de cette journée et « que cette concentration réunissait les royalistes et les socialistes les plus intransigeants ». (8 décembre 1899.)