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LA SOUSCRIPTION HENRY


tionnaire des Affaires étrangères, j’affirmai que ce texte était mensonger et demandai que le dossier diplomatique fût communiqué à la Cour de cassation[1].

On essaya aussi d’accréditer que la Russie était mêlée à l’Affaire, que l’attaché militaire Frédéricksz avait dénoncé Dreyfus à Mercier[2] ; mais l’ambassade le démentit formellement[3].

Une lettre du capitaine Marchand porta beaucoup. Il écrivit au dessinateur Forain que ses compagnons et lui, quand ils arrivèrent à Fachoda, étaient sans nouvelles de France depuis dix mois ; les Anglais leur passèrent des journaux. Ils apprirent « l’horrible campagne des infâmes » et se prirent à pleurer[4].

Plusieurs ne demandaient plus de preuves, invoquèrent, plus franchement, la raison d’État. Un ancien ministre de la Guerre, le général du Barail, en fit l’aveu : « Une infortune individuelle, si touchante qu’elle puisse être, ne saurait entrer en ligne de compte avec le malheur national qui résulterait de l’atteinte portée à l’honneur de l’armée[5]. »

    ment de bersaglieri et officier des Saints Maurice et Lazare. (Bulletin militaire italien, 6 août 1898.)

  1. Siècle du 10 novembre : « La dépêche existe ; mais elle dit exactement le contraire de ce que rapporte l’Intransigeant. »
  2. Gaulois du 2.
  3. Agence Havas du 3.
  4. Lettre du 6 novembre. — Marchand ne connaissait pas Forain. Pendant son séjour au Caire, il avait vu un dessin de lui : Kitchener qui, montrant Marchand, disait à un pasteur : « Comment décourager ce brave ? » Le pasteur : « Je vais essayer en lui lisant quelques journaux français. »
  5. Il était le fils de ce capitaine de carabiniers qui, à Waterloo, après avoir chargé deux fois avec une grande vaillance, traversa tout à coup le champ de bataille, sous une pluie de balles, au moment où Drouot rassemblait la garde, et avertit les Anglais, « Conduit au major du 52e d’infanterie, qui causait avec le colonel Fraser : « Vive le roi ! Préparez-vous ! Ce b…