et, sans s’opposer à l’urgence, dit qu’il faisait des réserves sur le fond et, quant à lui, préférait la séparation des Églises et de l’État. Dupuy annonça une loi sur les associations. L’urgence fut repoussée[1], mais Cassagnac n’osa pas insister sur la question préalable ; la Chambre décida de nommer une grande commission d’enseignement. Ces deux motions, bien que hâtivement rédigées, que sont-elles sinon le vieux projet de Condorcet et de Lanthenas, qui renvoyait les prêtres au temple, « ne leur laissait que Dieu »[2] ?
Ainsi, l’Affaire débordait de plus en plus ; le flot battait déjà le pied des couvents, des maisons d’éducation où, depuis cinquante ans, les moines équipaient en guerre les petits fils des croisés.
L’Église eût été à temps encore pour rappeler ses milices, dissiper bien des colères : il eût suffi de désavouer les Assomptionnistes (les moins rancuniers ne leur pardonnaient pas les violences des Croix, aux élections), et d’inviter Du Lac, par son général des Jésuites, à aller méditer, comme naguère le P. Didon, dans quelque Corbara. Le Pape n’en fit rien, soit qu’il en fût là, lui aussi, malgré son infaillibilité, à suivre ses troupes et, malgré sa toute-puissance, à ménager les Jésuites dont il avait été l’élève[3] ; soit qu’il crût encore au succès possible de la campagne contre-révolutionnaire, car Léon XIII, s’il accepta la République, ne rétracta rien du Syllabus. Dès lors, la feuille poissarde continua son commerce, à l’enseigne du doux Nazaréen, une fois de plus crucifié par les siens[4], et le jésuite versaillais à
- ↑ Sur la proposition de Levraud par 293 voix contre 139, sur celle de Rabier par 387 contre 225. (26 novembre 1898.)
- ↑ Michelet, Révolution, IV, 290.
- ↑ Au collège de Viterbe, puis au collège Romain.
- ↑ Non seulement Léon XIII ne désavoua jamais les Pères de l’Assomption autrement que dans ses conversations avec le