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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


duc d’Orléans[1] ! » ; et, comme il avait lu dans les histoires que les émeutes commencent ainsi, il imaginait que les temps étaient proches. Il manda, en conséquence, à son prince qu’il était « nécessaire de se rapprocher de la frontière ». Mais Philippe, à la réflexion » retourna à la chasse[2].

XIX

En effet, c’était seulement, « le retour des cendres d’Esterhazy »[3]. Vingt-quatre heures, les vainqueurs étalèrent leur joie, piétinèrent Brisson, glorifièrent « la noble attitude » de Chanoine, qui « s’était retrouvé soldat[4] ».

Le surlendemain la Chambre criminelle se réunit (27 octobre).

Bard, d’abord, donna lecture de son rapport, très sobre, d’autant plus fort, rien que les faits presque nus, et les documents, tous inconnus alors, sauf un seul, l’acte d’accusation de d’Ormescheville que j’avais publié et que Pellieux avait taxé de faux.

Aujourd’hui, tout cela s’est fondu dans le passé, dans l’universelle mémoire qui s’y est habituée. Alors, ceux

  1. Haute Cour, II, 40, Lur-Saluces à Cordier.
  2. Ibid., I, 99 et suivantes : « D’Alesuth, 26 octobre 1898, 6 heures du matin : Dois-je revenir de suite ou puis-je attendre encore ici ? Affaires urgentes. » À 11 h 10, même dépêche, avec cette addition : « Crois dernière solution meilleure et la préfère. Amitiés. » Buffet répond de Paris à 3 heures : « Rapprocher frontière nécessaire. »
  3. Clemenceau, dans l’Aurore du 27 octobre 1898.
  4. Libre Parole du 27, lettre de Lasies.