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BRISSON


gros canons contre les cent dix-huit des cuirassés anglais ; nos autres colonies hors d’état de repousser une agression, « même d’offrir un refuge à des bâtiments isolés » ; Diégo-Suarez ouvert, rien au Tonkin ; les flottilles à l’état inorganique ; les escadres dispersées, sans cohésion, sans homogénéité » ; « pas de plan de campagne »[1]. L’incurie de 1870 était dépassée. Lockroy, le ministre de la Marine, écrira : « Nous avons regardé autour de nous, il n’y avait rien[2]. »

Brisson, le 14 octobre, convoqua les Chambres pour le 25.

XV

Pendant que ces préoccupations détournaient pour un moment l’opinion de Dreyfus, la justice civile et la justice militaire s’étaient remises à l’œuvre.

D’une part, l’instruction contre Picquart. — Quelque docile, dénué de sens critique et passionné que fût le capitaine Tavernier, qui avait été appelé de Marseille pour la conduire, il eût été fort embarrassé de sa besogne, si elle ne lui avait été facilitée par une série de mesures, les unes simplement iniques, les autres brutalement illégales. Il ne suffit pas que Picquart soit maintenu au secret et, aux interrogatoires, privé de la présence de son avocat (parce que la réforme récente de l’instruction criminelle ne s’applique pas, en termes

  1. Lockroy, la Défense Navale, v, xxv, 3 à 8, 31 ; Rapport du chef d’État-Major, amiral de Cuverville ; Rapport du général Delaissey, lettre du gouverneur général Laferrière ; Rapport de l’amiral Fournier 227, 254, etc.
  2. Ibid., 116.