mise en liberté de « ses adversaires » ; les prisonniers le traitèrent de comédien[1]. On les relâcha vers le soir. Guérin, avec ses anti-juifs, s’étant mêlé aux « patriotes » pendant la bagarre, y fit crier : « Vive Gamelle ! Vive le duc d’Orléans[2] ! » Brisson, entre ces agités, les agitateurs et les grévistes, garda son sang-froid. Il avait assez de troupes à Paris pour réprimer l’émeute, si les gens du duc risquaient le coup ; il en fit venir le double des départements pour intimider toute tentative. Pendant quelques jours, Paris, sillonné de patrouilles, ses places et ses rues occupées par des soldats en marche ou qui bivouaquaient, eût l’air d’un camp. La grève s’évanouit[3].
Les acolytes de Guérin en province, qui attendaient le signal[4], restèrent chez eux.
Un individu très louche, Guérard, qui avait fondé une association des ouvriers et employés de chemins de fer et recueilli plus de 20.000 adhésions, intervint trop tard, avec l’annonce d’une grève générale de son syndicat[5]. Nulle menace plus propre à effrayer, comme de la suspension de la vie même. Brisson ordonna des perquisitions[6], fit occuper militairement les gares, détacha
- ↑ Vaughan, 155 : « Qui est-ce qui lui demande quelque chose, à ce polichinelle ? — À l’atticisme de l’apostrophe, vous avez deviné qu’elle est de moi. »
- ↑ Haute Cour, 6 décembre 1899, Puybaraud.
- ↑ 11 octobre 1898.
- ↑ « D’un coup de chien. » (Lettre de Dubuc à Brunet.)
- ↑ « Que partout le travail s’arrête ; que la bourgeoisie capitaliste inhumaine apprenne enfin ce que peut faire le peuple soulevé. » (Affiche placardée le 13 octobre 1898.) — La décision du syndicat fut prise par douze voix contre onze.
- ↑ Pour infractions à la loi du 21 mars 1884 sur les syndicats.
lendemain, dix mille hommes y étaient aussi. » — Ils étaient bien un millier. — « L’accord et l’entente se sont établis d’un regard, d’un geste, d’un signe. »