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BRISSON


reconnaît, il dit en toutes lettres dans la procédure que tout ce qu’il a fait, il l’a fait sous sa propre responsabilité de défenseur… De communications de documents ? Aucune. De renseignements détaillés sur les documents ? Aucun. D’indications sur l’origine des documents ? Aucune. Voilà la vérité vraie.

Il ramenait ainsi à ses proportions ce misérable procès, balayait les légendes et les « abjectes calomnies ». Picquart, jusqu’au bout, même à son détriment, proclamait sa fidélité à la discipline.

Maintenant, les machinations recommencent ; « cet homme admirable », on l’accuse d’avoir fabriqué un faux : « Quand on fabrique des faux à l’État-Major, on les fabrique autrement, et plus décisifs. » S’il y avait un doute sur l’authenticité de cette pièce, le ministère de la Guerre s’en serait-il tû depuis deux ans ? « Je me dresse et avec colère. » Mais « on a voulu prendre les devants » sur la plainte déposée par Picquart lui-même contre ses diffamateurs ; surtout, on a voulu présenter à la commission de Revision son témoignage comme celui d’un faussaire. « Alors, une fois encore, la justice aurait été violentée ! »

Fabre, l’avocat de Leblois, s’associa aux déclarations de Labori. Si Henry avait avoué son faux avant la mise en demeure de Cavaignac à Sarrien, est-ce que l’information eût été ouverte[1] ?

Picquart alors demanda la parole et, « regardant en face Gonse et Pellieux, qui baissaient la tête »[2], « d’une voix légèrement altérée par une indignation contenue »[3] :

  1. Instr. Fabre, 268 à 278, Labori ; 279, Fabre.
  2. Siècle du 22 septembre 1898.
  3. Pressensé, le Colonel Picquart, 377.