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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


les lettres de l’Empereur allemand et le bordereau annoté, et qu’on évoquait, qu’on servait toujours aux heures critiques[1]. — Ainsi la fausse lettre de Panizzardi authentiquait maintenant le faux impérial. — Or, jamais Guillaume ne s’inclinera devant ces pièces terribles. Il fait dire qu’on peut tout publier du dossier secret[2] ; c’est un piège. Dès qu’on lui aura fait rentrer son mensonge dans la gorge, il jettera ses armées en Champagne[3].

VII

Pendant que des milliers et des milliers de feuilles, comme des nuées de moustiques, portaient ces poisons par toute la France, Brisson attendait le résultat des études de Zurlinden. Il lui envoya Sarrien, « de loin en loin », mais sans le presser ni le questionner[4], même quand Drumont annonça que Zurlinden donnerait sa démission plutôt que de se prêter à la Revision[5]. Et

  1. Voir t. I, 348 ; II, 659 et III, 396.
  2. Gazette de Cologne du 7 septembre 1898 : « On peut tout publier : l’Empereur, qui ne qui ne correspond pas avec des espions, ne fera pas la guerre pour des faux ineptes ; les officiers qui en auront été dupes seront ridicules. »
  3. La Patrie du 3 annonce que de nombreux officiers « généraux et supérieurs », qui savent le secret de l’Affaire, vont donner leur démission et tout révéler : « C’est la guerre certaine. » — Je signalai à plusieurs reprises, le péril de ces faux en réserve. (Siècle des 4, 5, 10 et 11). De même Jaurès, dans la Petite République (11 et 20).
  4. Zurlinden, Ma réponse : « Le premier examen me prend trois jours. De loin en loin, je reçois la visite du garde des Sceaux, qui paraît connaître déjà bien l’Affaire, mais qui me laisse travailler à mon gré.
  5. Libre Parole du 8.