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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


ponibilité de Gonse et de Pellieux. Il n’en parla plus.

Cavaignac, quels que fussent son orgueil et son insensibilité, n’était pas entré dans le cabinet de Brisson sans un battement de cœur. Il retourna en maître au ministère de la Guerre, plus intangible, pensait-il, que jamais. Zurlinden, Boisdeffre, d’autres officiers, l’attendaient dans la cour, « en silence, très émus ». Il faisait nuit, près d’onze heures du soir. Zurlinden lui dit quelques mots et rentra aux Invalides[1].

XIV

Ainsi que Walter l’avait demandé, un officier de service à la place de Paris, Varlot, lieutenant à la garde républicaine, avait été envoyé d’urgence au Mont-Valérien et y était arrivé à 8 heures et demie[2].

Il se rendit aussitôt, avec Walter et Fête, dans la chambre d’Henry. « Le médecin, appelé pour constater le décès, n’était pas encore arrivé ». Ils dressèrent un procès-verbal. Sur la table (à côté de la bouteille de rhum qu’ils ne mentionnèrent pas), les deux dernières lettres qu’avaient écrites Henry, « l’une fermée, à l’adresse de sa femme, l’autre ouverte, portant des paroles incohérentes[3] ». Dans les poches des vêtements,

  1. Zurlinden, Ma Réponse.
  2. Procès-verbal. — Zurlinden téléphona avec Brisson à 9 heures.
  3. « Les feuilles de papier grand format sur lesquelles il avait écrit ne furent pas retrouvées ; elles avaient disparu ; aucune trace de papiers brûlés ou détruits. » (Esterhazy, Dép. à Londres, 52.) Ces feuilles, selon Esterhazy auraient été enlevées par l’officier d’ordonnance de Cavaignac qui avait été introduit auprès d’Henry, vers midi.