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LA MORT D’HENRY


Dans le désarroi, l’espèce de terreur qui s’était abattue avec le crépuscule et la découverte du drame sur le fort, au milieu de l’affolement des officiers consternés et stupides, au sens classique du mot, Walter garda son sang-froid. Il télégraphia au gouverneur militaire de Paris qu’un événement grave venait de se produire, qu’il en rendait compte par une lettre au commandant de la place, qu’un bicycliste partait aussitôt pour la porter : « Il serait bon qu’un officier de la place vînt immédiatement au Mont-Valérien[1] ».

La lettre relatait l’événement en quelques mots.

Brisson, après cette épuisante journée où le Conseil s’était réuni quatre fois, se disposait à sortir, quand l’idée lui vint de passer par le cabinet du secrétaire où arrivent les télégrammes en communication. Le troisième qui lui passa sous les yeux fut celui de Walter. Il téléphona sur le champ au gouvernement militaire de Paris, donna lecture de l’inquiétant télégramme à l’officier de service qui vint à l’appareil ; l’officier répondit qu’il ne savait rien, ni « de l’événement grave » ni du bicycliste.

Brisson, énervé, se demande si l’homme n’aurait pas

    en sortant, l’officier d’État-Major dit à l’officier de service : « Ne dérangez pas pour l’instant le lieutenant-colonel Henry, il a à travailler. « À 5 heures… etc. (Matin du 1er septembre Débats, etc.) Le ministère de la Guerre démentit aussitôt cette information (Agence nationale du 1er), affirma qu’Henry n’avait pas reçu d’autre visiteur que l’officier de service. C’est cette visite qui servit de prétexte à la légende ; un rédacteur du Petit Bleu, Louis Gaillard (le même qui avait essayé de faire parler Marguerite Pays), fit causer une fille d’auberge (au pied du Mont-Valérien). Elle tenait d’un soldat qu’un officier en civil avait été introduit mystérieusement chez Henry. Ce fut la version d’Esterhazy. (Dép. à Londres, 52.)

  1. Dépêche du Mont-Valérien, le 31 août, 7 h. 20 du soir. La lettre partit à 7 h. 30 ». — Voir Appendice II.