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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

XIII

Un peu après six heures, l’ordonnance qui apportait le repas d’Henry frappa à la porte et, n’obtenant pas de réponse, avertit le lieutenant de semaine, Fête[1], qui essaya d’ouvrir, et, y ayant échoué, força la serrure. Il aperçut Henry « étendu sur son lit, plein de sang, la gorge ouverte », et courut avertir le commandant d’armes. Walter constata les faits[2]. Le corps était froid[3].

Walter envoya chercher les deux médecins militaires du fort, qu’on ne put rencontrer[4], puis le médecin civil de Suresnes[5], qui était occupé à un accouchement.

Un jeune interne des hôpitaux, Léon Lévy, qui faisait au fort son service d’un an, venait de partir pour Paris. Il s’était promené dans la cour intérieure jusqu’à 5 heures, avec un officier de réserve, n’avait vu ni entendu rien d’insolite ; aucun visiteur, officier en uniforme ou en civil, comme le bruit en courut par la suite, ne s’était présenté[6].

  1. Du 16e bataillon d’artillerie à pied.
  2. À six heures et demie. — Lettre du commandant Walter au général commandant la place de Paris, du Mont-Valérien, le 31 août, 7 h. 30 du soir. — Voir Appendice II.
  3. Procès-verbal.
  4. Le docteur Pauzat, du bataillon d’artillerie, et le docteur Peyroux, du 119e de ligne, qui était, ce jour là, en manœuvres aux environs de Maisons-sur-Seine.
  5. Le docteur de Lagorsse.
  6. Récit du docteur Léon Lévy. — Dès le lendemain de la mort d’Henry, on raconta que « dans l’après-midi, un officier de l’État-Major était venu trouver Henry dans sa cellule. Une longue conversation eût lieu entre les deux hommes ; on ne sait au juste sur quels points elle roula particulièrement. Mais,