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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


confus, parfois âpre, porta sur la démission de Boisdeffre. Cavaignac et Brisson parlèrent tous deux de donner la leur ; Brisson, « sur la table du Conseil », avait déjà rédigé la sienne. On convint d’attendre pour prendre une décision le retour de Bourgeois. De Dreyfus, de la revision, pas un mot[1]. Faure signa la mise en réforme d’Esterhazy[2].

XII

Au Mont-Valérien, Henry, debout de très bonne heure, quand l’ordonnance qui le servait entra chez lui, parut « dans un état de grande prostration[3] ». Il demanda du papier à lettres[4], de quoi écrire. La serrure de la porte était endommagée, le boulon cassé du côté de la chambre, de sorte que, pour sortir dans le couloir, il était forcé d’appeler le planton, à travers la porte fermée. Avec l’assentiment de ce soldat, il déplaça la tige de fer ; le bouton passa de l’extérieur à l’intérieur ; maintenant, pour entrer chez lui, il fallait frapper : c’est lui qui ouvrait[5].

« Il déjeuna légèrement, à 11 heures, et fit mettre aussitôt à la poste une lettre[6] », à l’adresse de Gonse :

  1. Brisson dans le Siècle du 14 avril et du 23 novembre 1903.
  2. Au conseil de l’après-midi (31 août 1898).
  3. Temps du 2 septembre 1898.
  4. « Du papier à faire des rapports », selon Esterhazy, qui, nécessairement, ne donne pas l’origine du propos qu’il prête à Henry, (Dép. à Londres, éd. du Siècle, 57.)
  5. Renseignements verbaux du commandant Walter.
  6. Note du général Roget, en date du 5 septembre 1898, au dossier de la Cour de cassation : « Je, soussigné, déclare