un complice ». Henry, « avec la plus grande énergie », affirma à plusieurs reprises que non ; « personne au monde ne savait ce qu’il avait fait[1] ». Il était « très préoccupé de ce que l’on allait décider de lui[2] ». Quand il regardait Roget dans les yeux, quel soupçon cherchait-il à y lire ? Que Gonse ou Boisdeffre lui aurait commandé le faux[3] ? Ou qu’il en aurait parlé à Esterhazy ? Qu’il se serait concerté avec lui ?
Tout en causant, Roget fut amené[4] » à dire : « Savez-vous si on a proposé une forte somme au commandant Esterhazy pour se déclarer l’auteur du bordereau ? Savez-vous s’il a existé des relations entre le colonel Sandherr et le commandant Esterhazy[5] ? »
Ce « point » préoccupait Roget[6]. Il ne lui aurait pas déplu qu’Esterhazy, pour une fois, n’eût pas menti, qu’il eût fait partie du contre-espionnage[7],
Henry, prudemment, répondit : « Je crois qu’ils se sont connus en Tunisie, mais je n’ai jamais vu le commandant au bureau qu’une fois, en 1895 ; il venait apporter au colonel des documents qu’il avait recueillis par hasard[8] ».
Quand Picquart, en 1896, l’avait questionné au sujet
- ↑ Cass., I, 121, Roget.
- ↑ Procès-verbal, 104.
- ↑ Roget (Cass., I, 121) nie que Gonse et Boisdeffre aient jamais pu avoir l’idée que la pièce était fausse.
- ↑ Procès-verbal, 104 ;
- ↑ Ibid. — Devant la commission d’enquête, Roget relate ainsi la première question : « Vous savez qu’on a offert une somme d’argent considérable (600.000 francs) au commandant Esterhazy pour qu’il se déclarât l’auteur du bordereau ? »
- ↑ Enquête Mazeau, 26, Roget.
- ↑ Voir t. III, 564.
- ↑ Procès-verbal, 104. — Selon Esterhazy, Roget a tronqué cette réponse. Henry savait qu’il fréquentait chez Sandherr et quels « services considérables » il lui rendait, « et à son pays ». (Cass., I 593 ; Dép. à Londres, etc.)