Comme « il était sorti volontairement des voies régulières »[1], en procédant lui-même à l’interrogatoire d’Henry, il eût pu ordonner lui-même l’arrestation[2].
Il a été pendant près d’une heure le plus efficace, le plus utile des serviteurs de la justice ; déjà il en était las ; il n’était pas capable d’un plus grand effort. Au surplus, « s’il avait prévu » qu’Henry se tirerait difficilement d’affaire, « il n’avait pris aucune mesure » pour le cas où le misérable avouerait[3]. Il convint avec Zurlinden de faire conduire Henry au mont Valérien, aux arrêts de forteresse[4].
« En attendant la décision » de Cavaignac, Roget, pendant l’heure qu’il passa avec Henry, seul à seul, « essaya de le faire parler[5] ». Henry, « dégagé du poids qui l’oppressait », avait « recommencé à regarder le général en face[6] ». Celui-ci le crut sincère. Ils étaient entrés ensemble avec Cuignet à l’État-Major[7] et, malgré les différences de grade et d’âge, avaient été trois amis.
Roget « essaya surtout de savoir si Henry avait eu
- ↑ Chambre des députés, 6 avril 1903, Cavaignac : « Je suis sorti volontairement des voies régulières…, etc. »
- ↑ Ce que Mercier avait fait pour Dreyfus. — Voir t. 1er, 103.
- ↑ Rennes, I, 319, Roget.
- ↑ Ibid. : « On envoya chercher les ordres du général Zurlinden. » (Compte rendu sténographique.) « On envoya chercher le général Zurlinden. » (Compte-rendu revisé.)
- ↑ Revision, 104, Procès-verbal ; Cass., I, 12 ; Enquête Mazeau (Commission d’enquête sur les accusations de Quesnay de Beaurepaire contre la chambre criminelle de la Cour de cassation), 23e pièce ; Rennes, I, 319, Roget. — Le procès-verbal de Roget est du 3 septembre 1898, ses dépositions devant la Cour de cassation, la commission d’enquête et à Rennes, des 24 novembre 1898, 22 janvier et 17 août 1899.
- ↑ Cass., I, 121, Roget : « Car certainement, dans la situation où il se trouvait depuis plusieurs mois, l’aveu était pour lui une délivrance. »
- ↑ Henry le 12 janvier 1893, Roget le 19, Cuignet le 9 février.