est arrivé : j’ai reçu l’en-tête et quelques mots. — Quels mots ? — D’autres choses qui n’avaient pas trait à l’Affaire. — Ainsi, voici ce qui est arrivé : vous avez reçu en 1896 une enveloppe avec une lettre dedans, une lettre insignifiante ; vous avez supprimé la lettre et vous avez fabriqué l’autre ? — Oui. »
Cavaignac s’arrêta.
Il lui avait fallu une heure pour obtenir ce « oui », l’explicite et irrévocable aveu[1].
C’eût été le moment ou jamais de saisir l’homme à la gorge, de lui faire cracher toute la vérité sur l’Affaire.
IX
Cavaignac ayant donné à Roget l’ordre de conduire Henry dans une pièce voisine et de « l’y garder à vue »[2], Boisdeffre prit une feuille de papier sur le bureau du ministre et écrivit[3] :
Je viens d’acquérir la preuve que ma confiance dans le colonel Henry, chef du service des Renseignements, n’était pas justifiée. Cette confiance, qui était absolue, m’a amené à être trompé et à déclarer vraie une pièce qui ne l’était pas et à vous la présenter comme telle.
Dans ces conditions. Monsieur le Ministre, j’ai l’hon-