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LA MORT D’HENRY

Il s’agissait maintenant, à la journée, qui serait décisive, du 27, de faire donner la garde, c’est-à-dire Tézenas, avec la lettre « aux deux écritures », et pour qu’il attestât la promesse solennelle de Pellieux : « Esterhazy peut être tranquille ; nous avons lié partie avec lui ; et nous la gagnerons ou la perdrons avec lui. »

Le général Florentin, après vingt-quatre heures de réflexion, où il consulta apparemment Cavaignac, envoya à Tézenas une citation à témoin[1]. En même temps, le colonel de Kerdrain écrivit à Esterhazy : « Votre avocat ne sera admis à déposer qu’en remettant ladite pièce au président du conseil d’enquête[2].

Mais Tézenas, qui avait assez d’Esterhazy et qui préparait une partie de chasse, se dit malade, dans l’impossibilité de venir à Paris ; il suffirait d’envoyer le document. Et ce fut, alors, pendant tout cet entr’acte, un échange ininterrompu de dépêches entre l’avocat et son terrible client. Celui-ci conjurait :

Je vous supplie désespérément de venir[3]… Votre abandon me perd. Votre présence est le salut… Mon salut est entre vos mains… J’ai également promis production pièce sur les hauts personnages ayant connaissance relations qu’elle certifie.

(Cette dépêche, en clair, serait certainement communiquée par l’Administration des postes à Cavaignac et à Brisson.)

  1. Dépêche de Mme Tézenas à Tézenas, château de la Thierraye, La Bazoche-Gouet (Eure et-Loir), de Paris, 26 août. — Cette dépêche et celles qui seront citées plus loin, ont été publiées à la suite de la déposition d’Esterhazy à Londres. (Éd. belge, 142, et suiv.).
  2. Cass., I, 591, Esterhazy. — Le fac-similé de la lettre de Kerdrain est reproduit dans les Dessous de l’Affaire, 195, 196.
  3. 26 août, 3 h. 22 soir.
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