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CAVAIGNAC MINISTRE


Ranc, plus tard, se rappela « avec plaisir » ces jours agités : « On était sans cesse menacé de quelque surprise. Un soir, on nous annonçait qu’il serait prudent de ne pas coucher dans nos domiciles respectifs, attendu que nous pouvions bien être arrêtés au saut du lit. Le lendemain, ce n’était plus cela, il ne s’agissait plus d’arrestation, mais d’assommade ; nous devions être quelque peu étripés par les bandes antisémites… Cela vous fouettait le sang quand on s’asseyait à sa table de travail pour répondre à quelque ineptie ou à quelque infamie des scribes de l’État-Major. On vivait ; rien n’est bon comme les jours d’action et de combat quand on a conscience du devoir accompli[1]. »

Hors de France, on croyait la cause de la vérité irrévocablement perdue[2].

  1. Radical du 14 mai 1903.
  2. Lettre de Björnson à Zola, du 26 juillet 1898.