laborer avec lui, il demanda d’abord des instructions au garde des Sceaux. Darlan lui dit de n’en rien faire ; seulement, de se mettre à la disposition de Pellieux pour l’éclairer sur des questions de procédure[1].
Pellieux passa outre.
Esterhazy continuait à être renseigné exactement, par Du Paty et par Henry. Il connut, au jour le jour[2], les dépositions des témoins accusateurs. Pellieux le pria de moins fréquenter les journaux, ou moins ostensiblement. Il s’y engagea[3], mais ne tint pas parole.
Boisdeffre (par Gonse) interdit à Du Paty de se rencontrer désormais avec Esterhazy[4] ; — donc, il n’ignorait pas leurs entrevues antérieures. — Du Paty ne doit plus communiquer qu’avec les intermédiaires.
Esterhazy se servait maintenant de Christian qui, dès qu’il avait appris l’accusation portée contre son cousin, était accouru à Paris[5].
Il y trouva Mme Esterhazy dans les larmes. La pauvre femme avait reconnu l’écriture de son mari dans le bordereau. Sa vieille amie, la veuve du général Grenier, lui dit un jour : « Vous êtes, vous et Mme Dreyfus, les deux femmes les plus malheureuses qui soient au monde. — Ah ! sanglota l’infortunée, je suis bien plus à plaindre qu’elle ! »
Esterhazy expliqua à Christian qu’il était la victime
- ↑ Cass., I, 219, Bertulus.
- ↑ Dép. à Londres, 1er mars 1900.
- ↑ Procès Zola, I. 335, Pellieux.
- ↑ Cass., I, 449, Du Paty : « J’eus plusieurs entrevues avec Esterhazy, jusqu’au jour où je reçus défense du général de Boisdeffre de le voir, vers le 16 novembre. » De même, Cass., II, 193 ; Instr. Tavernier, 6 juin, 25 juillet 1899.)
- ↑ Mémoire de Christian au procureur de la République. 65. — Cass., I, 585, Esterhazy.