Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 3.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE PREMIER

LE « SYNDICAT »

I

Boisdeffre, dans l’attente du combat qui tardait à s’engager, avait imaginé qu’Esterhazy prît les devants, se nommât lui-même et réclamât de passer devant un conseil de guerre[1]. Esterhazy dit, avec raison, que c’était absurde. Puis, quand parut la lettre de Mathieu Dreyfus, il adressa à Billot, sur un avis de Du Paty, et après en avoir averti Saussier, ces quatre lignes :

Je lis dans les journaux de ce matin l’infâme dénonciation portée contre moi ; je vous demande de faire faire une enquête, et je me tiens prêt à répondre à toutes les accusations.

Cette brève riposte parut conforme à la poétique du théâtre : si l’accusé pâlit, il est coupable ; s’il se redresse sous le coup imprévu, il est innocent.

  1. Esterhazy. Dép. à Londres (Éd. de Bruxelles), 62.


1