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L’ENQUÊTE DE PELLIEUX


Quand Esterhazy prit congé, Pellieux le reconduisit et lui serra ostensiblement la main. Cette poignée de mains fut célébrée par les journaux patriotes[1].

II

Mathieu avait été enchanté de l’accueil de Pellieux. Scheurer, le lendemain, eut des doutes sur la sincérité du général. Il le trouva trop prévenant, lui donnant du « Monsieur le Président » à chaque phrase. « J’ai déjà fait remarquer à Mathieu Dreyfus, dit le général, que contester l’expertise qui a provoqué la condamnation de son frère, et en réclamer une autre contre Esterhazy, cela est contradictoire. » Scheurer, stupéfait, répliqua que cette prétendue contradiction, c’était toute l’affaire ; ne pas faire procéder à un examen approfondi des écritures serait défier tout bon sens et toute justice. Pellieux, toujours souriant, se garda d’insister. Il demanda à Scheurer s’il avait des documents, un dossier. Scheurer répondit qu’il n’en avait point, mais qu’il l’engageait à faire venir Leblois qui fournirait toutes les explications nécessaires[2]. Il parla alors de Picquart, « que d’ailleurs il ne connaissait pas, avec qui il n’avait eu aucun rapport direct ou indirect » ; mais il tenait de Leblois « qu’il existait au ministère de la Guerre un dossier contre Esterhazy et que ce dossier contenait une pièce

    se sous double enveloppe, sous le couvert du chef de corps. » — Voir le récit de cet incident par Pellieux au procès Zola : « On a appelé au témoignage d’un officier qui, par hasard, s’est trouvé être israélite, etc. »

  1. Jour, Matin, etc., du 19 novembre 1897.
  2. Instr. Fabre, 111, 113, 114, Scheurer.