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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


de sa conduite qui font que nous ne pouvons pas répondre de lui[1]. » Il signa, et ce fut une nouvelle pièce secrète.

D’Ocagne raconta encore à Gonse que Dreyfus avait été rencontré à Bruxelles, « quelque temps avant son arrestation », par un ancien camarade de l’École polytechnique « et qu’il n’avait pas paru empressé à se faire reconnaître par lui[2] ». Or, la rencontre de Dreyfus avec Lonquety datait de 1883[3] et, surtout, « n’avait inspiré à celui-ci aucune réflexion particulière[4] ». Le délateur savait que Dreyfus était accusé d’avoir eu des rapports avec Schmettau. Il serrait la corde.

Gonse invoqua également le récit du domestique d’un agent d’espionnage à Bruxelles, Pomier, qui aurait vu chez son maître, « des plis portant la signature de Dreyfus, venant de Paris et relatifs à la mobilisation ». Un policier de Nancy le tenait d’un infirmier ivrogne, qui l’avait entendu raconter, à l’hôpital, par ce domestique ; l’infirmier était mort[5].

  1. Pièce 96 du dossier secret, datée du 8 mars 1898, signée : Gonse. — À Rennes : « Dans ma pensée, il n’était pas question de faire un témoignage, une pièce de justice. » (III, 340.) — Devant la Cour de cassation, Roget avait déposé en ces termes : « Il a été établi au moment du procès, ou peu après, que M. Hadamard, beau-père de Dreyfus, avait eu à payer des dettes pour son gendre. Il avait même tenu à ce propos, à M. Painlevé, un propos significatif. » (I, 672). À Rennes, mis au pied du mur par Painlevé, Roget convint qu’il avait fait du beau-père de Dreyfus et de son petit cousin par alliance un seul personnage. (III, 344.)
  2. Cass., I, 756, d’Ocagne.
  3. Rennes. II, 184. Dreyfus : « C’était au moment de l’exposition d’Amsterdam. » Lonquety déclare qu’il rencontra Dreyfus dans un restaurant. « à une époque qu’il lui est difficile de fixer ». (Cass., I, 514 ; Rennes. II, 184.)
  4. Cass., I, 514, Lonquety.
  5. Pièce 66 du dossier secret. — « L’infirmier Schérier passait pour avoir l’habitude de boire. » (Cass., III, 173. Ballot-Beaupré.)