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LES IDÉES CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES


mier président Périvier, qui avait accepté de diriger les futurs débats et promis de « serrer la vis ». Ce magistrat facétieux, que les malveillants disaient à tout faire, trouvait que Delegorgue avait été mou.

Au surplus, le procès n’aura pas lieu à Paris, mais à Versailles, « pour empêcher, expliquaient les journaux, que l’ordre ne soit troublé », et parce que « la salle des assises de Seine-et-Oise était très petite ; vingt auditeurs tout juste s’y pourront asseoir en dehors des témoins et des journalistes[1] ». On engageait en conséquence les partisans de Dreyfus « à se montrer très doux, très calmes » ; « tout autre attitude de leur part pourrait leur valoir force corrections ». « On aime l’armée, à Versailles[2] ! » Même, un bon jeune homme, fils d’un général, indiqua, avec plan à l’appui, la manière d’assommer Zola à la sortie du palais de justice[3].

VIII

Esterhazy, reçut, sur ces entrefaites, deux terribles coups de massue. Le Siècle publia la déposition que Casella avait été empêché de porter à la cour d’assises — ses conversations avec Schwarzkoppen et Panizzardi[4], — et la lettre d’un prétendu diplomate de Berne[5] qui résumait ce que Scheurer, Zola, Trarieux et moi nous savions, par le comte Tornielli, de la trahison d’Ester-

  1. Gaulois du 11 avril 1898, Écho. Journal des Débats, etc.
  2. Jour du 12.
  3. Soir du 14.
  4. Voir p. 199.
  5. Cette lettre fut rédigée par Yves Guyot et Francis de Pressensé sur des notes de Zola. Ils s’étaient réunis chez moi avec Trarieux.