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MORT DE LEMERCIER-PICARD


vie[1] ; mais « il n’y avait pas de déchirure des artères carotides », ni « de fracture du cartilage thyroïde ou de l’os hyoïde ». En résumé, et parce que les marques de la strangulation faisaient défaut[2], — les diverses parties du corps n’offrant « aucune trace de violences appréciable » et la face ni le cou « aucune trace de coups d’ongles et d’érosions[3] », — les deux médecins conclurent au suicide par pendaison[4].

Un autre soupçon était venu à Bertulus : peut-être Lemercier-Picard avait-il été empoisonné avant d’être pendu ; le juge prescrivit de procéder à l’analyse chimique des viscères[5] ; mais cette analyse (près d’un mois après la mort) ne révéla « aucun fait permettant de supposer que Leeman eût subi un empoisonnement[6] ».

« On savait vaguement, autrefois, que des individus

  1. Brouardel, 103 : « L’ecchymose rétro-pharyngienne, la déchirure de la membrane interne de la carotide, l’épanchement sous-périosté de la fracture de l’os hyoïde, la concordance de la coloration de la face avec la position du lien, constituent un faisceau de signes suffisants pour arrêter votre attention. » — De même, Legrand du Saule, 534. — « Amussat, dès 1828, a décrit la déchirure de la carotide comme un des signes de la pendaison. » (Brouardel, 98.) L’école allemande la considère comme une règle : « Vous aurez beau suspendre un cadavre, jamais vous ne produirez une ecchymose rétropharyngienne. » (97.)
  2. Traces de violences extérieures : dans la strangulation par un lien : existence du sillon, ecchymoses autour du cou ; érosions sur la peau du cou et du visage ; dans la strangulation à la main : lésions multiples et spéciales, suffusions sanguines, noyaux apoplectiques dans les poumons, etc. (Brouardel, 199, 210, 215 ; Legrand du Saule, 539.)
  3. Rapport.
  4. Voir Appendice I.
  5. « En vue d’une analyse chimique, nous avons placé les viscères dans des bocaux scellés et cachetés. » (Rapport.)
  6. Rapport du docteur Ogier, chef du laboratoire de toxicologie.