Je serai bref. Je confirme de tous les points la déposition de M. le général de Pellieux, comme exactitude et comme authenticité. Je n’ai pas un mot de plus à dire ; je n’en ai pas le droit ; je le répète. Messieurs les jurés, je n’en ai pas le droit.
Il appuya sur ces phrases ; un mot de plus, de trop, c’était la guerre. Puis, d’un ton plus grave encore :
Vous êtes le jury, vous êtes la nation. Si la nation n’a pas confiance dans les chefs de son armée, dans ceux qui ont la responsabilité de la défense nationale, ils sont prêts à laisser à d’autres cette lourde tâche, vous n’avez qu’à parler. Je ne dirai pas un mot de plus. Je vous demande la permission de me retirer[1].
Et, comme il se retirait au milieu des acclamations, il croisa Esterhazy que Delegorgue avait ordonné aussitôt d’introduire.
Ainsi Boisdeffre n’avait paru que pour confirmer un faux et, fidèle au plan de conduite que lui avait tracé Esterhazy avant le procès[2], pour donner le choix aux jurés entre la condamnation de Zola et la démission de l’État-Major général, la désorganisation de l’armée.
Un nouveau pouvoir venait de surgir, le pouvoir militaire, et pour intimer, sous la République, des ordres à la justice.
L’avocat général parut ignorer que le fait pour des fonctionnaires d’empêcher ou de suspendre, par une menace concertée de démission, l’administration de la