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LE JURY


physiologiques d’Esterhazy s’y retrouvent[1], ainsi que la même disposition des mots et la même direction des lignes[2] ; un érudit, découvrant dans un volume de la Bibliothèque nationale l’original du bordereau et une lettre d’Esterhazy, serait disqualifié s’il ne disait pas que le bordereau et la lettre sont de la même écriture, sont de la même main[3] ;

3° Que l’écriture du bordereau est courante, sans hésitation[4] ; elle est fantaisiste comme celle d’Esterhazy et comme elle dextrogyre[5] ; l’hypothèse du calque se heurte à l’impossibilité d’avoir sous la main des mots rares (Madagascar, hydrauliques)[6] ; il n’y a jamais superposition absolue, dans le bordereau, entre les mêmes syllabes[7] ;

4° Que le style du bordereau et celui d’Esterhazy présentent les mêmes caractéristiques[8] ; on remarque dans les lettres d’Esterhazy et dans le bordereau les mêmes habitudes, la même minutie orthographiques — accents, traits d’union[9], — les mêmes tournures incorrectes et impropres ; les mots y sont souvent employés dans un sens étranger[10].

Enfin, à la même audience, on eut communication de la déposition de Mme de Boulancy devant Bertulus. Elle y déclarait que les fameuses lettres d’Esterhazy étaient authentiques, celle du « Uhlan » comme les

  1. Procès Zola, I, 508, Auguste Molinier ; II, 94, 95, Giry.
  2. II, 71, 72, Moriaud, professeur à l’Université de Genève.
  3. I, 514, Émile Molinier.
  4. I, 507, Auguste Molinier : II, 97, Héricourt.
  5. II, 73, Moriaud : II, 96, Héricourt.
  6. I, 547, Havet : II, 93, Giry ; 99, Héricourt.
  7. I, 547, Havet : II, 73, Moriaud ; 99, Héricourt.
  8. I, 547, Havet.
  9. I, 543, Havet ; II, 93, Giry.
  10. I, 544, 545, Havet.
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