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LE JURY


Les trois autres experts de 1894 déposèrent en quelques mots : Charavay, dont la conscience éprouvait déjà quelque trouble, dit seulement « qu’il ne condamnerait jamais un homme sur une expertise d’écriture », Gobert et Pelletier qu’ils maintenaient leurs conclusions d’autrefois.

Puis Couard, Belhomme et Varinard refusèrent solennellement de répondre. Leur rapport avait été produit au huis clos du procès d’Esterhazy ; ce huis clos était inviolable. Couard, d’une voix de stentor, jura « qu’il était impossible à quiconque agirait honnêtement de ne pas arriver à la même conclusion que lui ». Mais le secret professionnel lui fermait la bouche.

Cependant, ils avaient causé avec les journalistes. Varinard leur avait déclaré « que le papier du bordereau était certainement de fabrication allemande[1] ».

IV

La journée des experts avait été mauvaise pour l’État-Major ; celle des savants fut désastreuse. Ce fut, après la démonstration par l’absurde, la démonstration par la raison.

Les témoins (membres de l’Institut, archivistes paléographes, professeurs au Collège de France, à l’École des Chartes, à l’École des Hautes-Études, etc.) établirent fortement :

    nières fut condamné, plus tard, pour avoir faussement attribué à un sieur Laboysse un écrit qui émanait d’un tiers. (Tribunal du Blanc, 9 janvier 1901.)

  1. Petit Temps du 15 janvier 1898. — D’autre part, l’Écho de Paris affirmait que ce papier venait des bureaux du service géographique (30 janvier).