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LA DÉCLARATION DE BULOW


cieuses promesses au peuple et envoyait, en même temps, des messages à l’Hôtel de Ville pour raconter qu’il se moquait de la naïveté de ceux qui l’écoutaient. Foulon fut pendu à un réverbère, et c’est le sort, peut-être, qui attend, dans l’avenir ceux qui, à force de canailleries, de fourberies et de trahisons, semblent prendre à tache d’exaspérer le Français[1]. »

Ces injures et ces menaces firent la joie des officiers. Méline et Billot réfléchirent qu’il était difficile de contenter Boisdeffre. Ils n’avaient consenti aux poursuites qu’à son impérieuse demande, tout en se rendant compte que c’était une faute. Maintenant, il leur en faisait grief et les faisait insulter.

Ainsi, chaque faiblesse, chaque capitulation du Gouvernement se retournait contre lui.

VIII

Le cas de Picquart était plus simple. Boisdeffre tenait ce principal témoin de Zola. Il va achever de le discréditer avant l’audience et lui offrir ensuite de s’y déshonorer.

Régulièrement, comme Picquart était, depuis un an, lieutenant-colonel au 4e régiment de tirailleurs[2] et ne comptait plus au ministère de la Guerre, ses juges naturels étaient à Tunis. C’étaient le général Lefèvre et des camarades qui l’estimaient. Boisdeffre et Billot se tirèrent d’embarras en le qualifiant faussement, sur l’ordre d’informer, « d’officier d’État-Major, détaché provisoi-

  1. Libre Parole du 1er février 1898.
  2. Procès Zola, I, 369, Picquart.