Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 3.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


la politique étrangère comme sur l’intérieure. L’abandon de l’Égypte à l’Angleterre est l’œuvre d’un de ces juifs qui, pour le compte du Gouvernement de Londres, a corrompu la presse, les ministres, le Parlement…

La condamnation de Dreyfus a été, dès lors, pour Israël, un coup terrible ; elle a marqué au front tous les juifs cosmopolites à travers le monde, mais, surtout, dans celle de leurs colonies qui gouverne la France. Cette flétrissure, ils ont juré de l’effacer. Mais comment ? Avec leur subtilité ordinaire, ils ont imaginé d’alléguer une erreur judiciaire. Le complot a été noué à Bâle, au congrès sioniste, réuni en apparence pour discuter de la délivrance de Jérusalem. Les protestants ont fait cause commune avec les juifs pour la constitution d’un Syndicat. L’argent vient surtout d’Allemagne. Pecuniæ obediunt omnia est le principe des juifs. Ils ont acheté, dans tous les pays de l’Europe, les consciences, les journaux à vendre…

Le juif a été créé par Dieu pour servir d’espion partout où quelque trahison se prépare. Au surplus, la solidarité ethnique, qui relie les juifs entre eux, les empêche, malgré les naturalisations, de devenir des citoyens loyaux et fidèles. Cette démonstration sortira, plus claire tous les jours, de l’affaire Dreyfus. D’économique, l’antisémitisme deviendra ce qu’il doit être : politique et national. Les juifs allèguent une erreur judiciaire ; la véritable erreur, c’est celle de l’Assemblée constituante, qui leur a accordé la nationalité française. Cette loi, il la faut abroger.

L’égalité des hommes entre eux, la communauté des droits n’est qu’une farce quand les conditions sociales sont disparates… Et ce n’est pas seulement en France, mais en Allemagne, en Autriche et en Italie, que les juifs doivent être exclus de la nation[1].

Alors, dans la belle harmonie d’autrefois enfin rétablie, les peuples retrouveront leur bonheur perdu[2].

Comment le Gésu de Rome, si prudent d’ordinaire,

  1. C’est la vraie ambition des antisémites : « La religion fait la race ; le drapeau flotte au pied de la croix. » (Léon Daudet, Gaulois du 13 août 1901.)
  2. Civiltà Catolica, numéro du 5 février 1898 : Il caso Dreyfus.