les emprunts qu’il a consentis à son ancien ami, l’argent qu’il a recueilli pour lui chez de riches juifs, la quête avec le grand rabbin et l’abbé Seigneur[1]. Esterhazy réplique : « Tout ce que dit le témoin est faux ; je lui dois de l’argent, c’est vrai, mais je le lui paierai[2]. » Il ne conteste pas la lettre, mais s’étonne (et Ravary avec lui) qu’elle soit aux mains de Mathieu.
Un coiffeur a raconté à un journaliste[3] qu’Esterhazy, quelque temps avant d’être dénoncé, est venu dans sa boutique, qu’il a tenu d’étranges propos : « Un grand scandale va éclater, Dreyfus est innocent. » Mathieu rapporte ce récit à Ravary : « Il y a des exemples de criminels qui, poussés par un besoin irrésistible, font des confidences. » Il demande qu’Esterhazy soit confronté avec le garçon qui l’a rasé[4]. Esterhazy nie encore[5], et la confrontation n’a pas lieu[6]. « Connaissez-vous Mademoiselle de Comminges ? — Je ne fréquente aucune femme du demi-monde[7]. » « Tout cela, lui dit Du Paty, n’a aucune espèce d’importance. »
Alors que les dépositions de tous les témoins lui sont communiquées d’avance et qu’Henry et Du Paty se concertent avec lui sur les réponses à faire, Picquart ni Leblois ne savent rien des principales allégations portées contre eux par Henry, Lauth, Gribelin et Gonse[8]. La surprise leur en est réservée pour l’audience. Ravary, comme Pellieux, traita Picquart en accusé, mais
- ↑ Instr. Ravary, 29 décembre 1897, Weil.
- ↑ Ibid., 30 décembre, (Cass., II, 120).
- ↑ Paul Marion, ancien rédacteur à la République française.
- ↑ Instr. Ravary, 20 décembre, Mathieu Dreyfus.
- ↑ Ibid., 21 décembre, Esterhazy (Cass., II, 119).
- ↑ Procès Esterhazy, 145, Mathieu Dreyfus.
- ↑ Instr. Ravary, 8 décembre, Esterhazy.
- ↑ Cass., I, 204, Picquart.