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CHAPITRE III

L’ACQUITTEMENT D’ESTERHAZY

I

L’instruction contre Esterhazy dura près d’un mois (4 décembre au 2 janvier), sans que rien en transpirât.

L’agitation, d’autant plus, alla croissant.

Au lendemain de la séance où les promoteurs de la Revision avaient été marqués comme de mauvais citoyens, Zola avait publié un troisième article. C’était le procès-verbal « des jours tragiques » qu’il venait de vivre, « exaspéré, dans la haine de la bêtise et de la mauvaise foi, dans une telle soif de vérité et de justice qu’il avait compris les grands mouvements d’âme qui peuvent jeter un bourgeois paisible au martyre ». Il osa faire le procès des deux grands tyrans du jour : l’antisémitisme (« ils sont une bande à faire ce métier, et le plus beau, c’est qu’ils le font au nom du Christ »), et la presse (« la presse immonde, les journaux à un sou attelés à cette besogne exécrable de tuer toute générosité dans notre cher peuple de France »).

Le journal, dans sa forme moderne, est, d’abord, une maison de commerce qui vend du papier et de la publicité. Quelques concurrents (Valentin Simond, Meyer), des