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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


On vota ensuite, paragraphe par paragraphe, un long ordre du jour où la Chambre se déclarait « respectueuse de la chose jugée[1] », « s’associait à l’hommage rendu par le ministre de la Guerre à l’armée[2] », « approuvait les déclarations du Gouvernement[3] » et « flétrissait les meneurs de la campagne odieuse entreprise pour troubler la conscience publique[4] ».

Plusieurs avaient le rouge au front, votaient quand même : « Je m’associe, me dit l’un d’eux, à la lâcheté générale. »

Le coup de la fausse dépêche avait réussi ; la victoire de Boisdeffre était complète.

Ainsi fûmes-nous flétris (ce qui n’était rien) ; ainsi (ce qui était plus grave) abdiquèrent la Chambre et le Gouvernement de la République, en route, — si les flétris ne s’étaient pas mis en travers, — pour un Sedan moral, plus terrible cent fois que l’autre.

Le lendemain, j’échangeai deux balles avec Millerand, sans résultat[5].

    Charles Dupuy, Chautemps. Dorian, Étienne, Bastid, Hémon, de Lasteyrie, Lacretelle, Valfé, Odilon Barrot, Renault-Morlière, Isambert. Jonnart, Maurice Lebon, Leygues, Maruéjouls, Rivet, Ribot, Ricard, Rouvier, Sarrien, Thomson, Trouillot. Quatre cent douze députés le repoussèrent, dont Léon Bourgeois, Lockroy, Millerand, Paschal Grousset, Camille Pelletan, Aynard, Ernest Carnot, Rouanet, Francis Charmes, Develle, Poincaré, Jules Roche, Rémusat, Deschanel, Vaillant, Cluseret, Charles Ferry, Goblet, Viviani, Jules Guesde, Montebello, Krantz, Mézières, Melchior de Vogüé.

  1. Par 484 voix contre 18.
  2. Par 511 voix contre 18.
  3. Par 316 voix contre 150.
  4. Par 148 voix contre 73 — L’ensemble fut voté par 308 voix contre 62.
  5. Les témoins de Millerand furent Viviani et Gérault-Richard ; les miens, Deloncle et Adrien Bastid.