ressés. Tenez-nous au courant de tout ce qui peut se présenter dans votre voyage[1]. » Il lui recommande, au nom du ministre, « de continuer, sans interrompre, sa tournée et de ne pas se presser pour bien voir les choses ». Le commandant du 7e corps a déjà été prévenu ; « les deux régions ne vont pas l’une sans l’autre ».
Comme Picquart était parti précipitamment, il n’avait emporté qu’une valise ; il demanda à Gonse l’autorisation de repasser par Paris avant de se rendre de Châlons à Besançon. Cette simple requête produisit une panique au bureau. Coup sur coup, Gonse lui télégraphia « de ne pas bouger avant d’avoir reçu une nouvelle lettre[2] ». La lettre, bien que toujours très affectueuse, fut catégorique. Gonse avait référé à Boisdeffre et à Billot, et « le ministre prescrivait à Picquart de continuer, sans revenir à Paris, sa tournée au 7e corps ». Au surplus, dès qu’il aura terminé « cette visite détaillée », il devra, « sans désemparer, examiner les 14e et 15e régions ». Là, tout est à créer. Les Alpes après l’Est. « Dussiez-vous ne rentrer que dans cinq ou six semaines, il faut absolument que le travail soit fait ; c’est l’ordre formel du ministre[3]. »
Cette fois, Picquart comprit ; mais il fit semblant de ne pas comprendre. Il envoya, de chacune de ses nouvelles stations, des rapports circonstanciés à Gonse ; et, régulièrement, Gonse lui répondait, recommandant, avec une même sollicitude, la discrétion et une « sage » lenteur. « Ne vous pressez pas… Prenez tout le temps nécessaire… Voyez tout… Après la visite à un corps
- ↑ Picquart versa ces lettres au procès d’Esterhazy ; elles firent ensuite partie des divers dossiers d’instruction.
- ↑ Cass., I, 190 ; II, 165, Picquart.
- ↑ 21 novembre. — La décision du ministre, qui prescrit à Picquart de poursuivre sa mission sur le territoire des 14e et 15e régions est datée du 21 novembre ; l’ordre du 28.