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ESTERHAZY

On doit croire que ses solides qualités de cavalier, plus que ce regret, le firent désigner pour l’expédition de Crimée. Il s’y distingua au combat d’Eupatoria ou de Kanghill[1], l’un des derniers de la guerre, et fut nommé, le même jour que son frère, général de division[2]. Mais les fatigues du siège de Sébastopol, le terrible hiver[3] et le typhus des armées, plus terrible encore, l’avaient usé. Il languit quelques mois, au climat natal de Provence, et mourut à Marseille, âgé à peine de cinquante ans.

De son mariage avec Mlle de Beauval, il laissait un fils et une fille.

  1. 29 septembre 1855. — Un ordre général du maréchal Pellisser (n° 31) porte à la connaissance de l’armée « le combat d’Eupatoria qui fait grand honneur au général d’Allonville, au 4e régiment de hussards, aux 6e et 7e régiments de dragons, à la batterie Armand de l’artillerie à cheval, ainsi qu’aux généraux Walsin-Esterhazy et de Champeron. » Camille Rousset (Histoire de la guerre de Crimée, II, 414) dit seulement que « ce succès fit beaucoup d’honneur au général d’Allonville ». D’après un autre récit, « le général Walsin d’Esterhazy traversa les rangs des Russes, la canne à la main, semant sur le sol son état-major et son escorte ». (Mismer, Souvenirs d’un dragon, 236.) — Esterhazy s’est vanté souvent du rôle de son père dans ce combat : « Mon père, le sabre à la main, à cinquante pas en avant de son premier rang, chargea, avec quatre escadrons du 4e hussards, deux batteries d’artillerie et deux régiments de cavalerie russes, sabra les canonniers ennemis sur leurs pièces, eut tout son peloton d’escorte, son aide de camp et son officier d’ordonnance défoncés autour de lui et foutit la canaille russe en déroute. C’est le plus brillant fait d’armes dont puisse s’enorgueillir la cavalerie française. » (Lettre à Serge Basset, de Londres, juillet 1899.)
  2. 18 mars 1856.
  3. Le 20 décembre 1855, le thermomètre descendit à 27° au-dessous de zéro.