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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


lui fit alors un enfant, qui fut déclaré sous les noms de Jean-Marie-Auguste, né de père et mère inconnus[1], — Jean étant le premier prénom du père et Marie celui de la mère, — et qui grandit sous le sobriquet de Valsin[2].

Ce nom de Valsin n’est pas, comme on l’a supposé, celui d’un officier qui aurait été marié morganatiquement à Marie-Anne[3], ou d’un comédien qui aurait eu ses faveurs[4]. Si l’acteur ou le soldat a existé, on n’en a aucune trace ; au contraire, la famille de Ginestous a gardé la tradition des amours de son ancêtre avec la descendante des magnats hongrois[5]. Valsin, comme

  1. Né à Valleraugue (canton du Vigan), le 7 mai 1767. — L’acte de baptême, du 1er octobre, porte que « l’enfant fut ondoyé, une heure après sa naissance, par le maître chirurgien-accoucheur Recolin, lequel a présenté l’enfant et a déclaré qu’il était né dans la paroisse… Le parrain a été Antoine Rabier, fabricant en bas de cette paroisse : la marraine, Jeanne Chassagnols, veuve de Claude Blanc, sage-femme du lieu. » Signé : Recolin, Rabier, Teissier, curé. (Extrait des Registres de l’état-civil de Valleraugue.)
  2. « Le nom de Walsin n’a été continué à être porté que comme sobriquet et parce que c’est sous ce nom que le fils de Marie-Anne avait été connu avant sa reconnaissance par sa mère. » (Lettre du commandant Esterhazy à son cousin Christian, décembre 1899.)
  3. Louis XVI et Marie-Antoinette, par Feuillet de Conches, IV, 69. — C’est également la version des Esterhazy d’Autriche. (Lettre du comte Nicolas Esterhazy au Fremdenblatt de Vienne, 24 novembre 1897.)
  4. Lettre (inédite) du commandant Esterhazy à son cousin Christian : « Le cabotin de 25e ordre qui… » etc. — Selon une troisième version, le fils adultérin du marquis de Ginestous aurait été présenté au baptême par un bas officier de son régiment, du nom de Walsin. Mais cette version est démentie par l’acte de baptême.
  5. Lettre du marquis Raymond de Ginestous à Scheurer-Kestner (4 juillet 1898, de Buenos-Ayres). — C’est également la version de Christian Esterhazy. (Libre Parole du 25 novembre 1897.)