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nombre de ballottes affirmatives était proclamé primicier[1]. Dans la pratique, c’était le primicier lui-même qui formait la liste préparatoire, après avoir pris l’avis des docteurs : il était rare, d’ailleurs, de voir surgir plus de six candidatures. Il arriva parfois aussi que devant le mérite éminent d’un des concurrents, les autres se retirèrent. L’élection se fit alors par acclamation. Peu de docteurs reçurent d’ailleurs de leurs collègues un témoignage aussi flatteur de confiance[2]. Notons enfin qu’à partir de 1662, les docteurs, dans une séance préparatoire tenue quelques jours avant l’élection, prirent l’habitude de désigner quatre d’entre eux avec mission, sous le nom de députés de la table, de dépouiller le scrutin et d’en garantir la sincérité.

À l’origine, tout docteur en droit était éligible ; et de même après l’institution de l’agrégation, tout agrégé, s’il résidait à Avignon. Une coutume, que les statuts de 1503 confirmèrent, attribuait le primicériat à tour de rôle, un an sur deux, aux

    (A. V. D 29, fo 35). Ce système ne semble avoir été appliqué à la lettre que quand il y avait « rivalité ». Le 28 mai 1633, en effet, le primicier observe qu’il y a lieu d’y revenir, étant donné la rivalité survenue entre MM. de Lobeau et Payen, ce mode d’élection ayant toujours été observé en cas de rivalité, surtout en 1611. La proposition du primicier est adoptée (A. V. D 29, fo 134).

  1. A. V. D 30, fo 115. (Délib. du 5 juin 1659.) Cf. M. C. 2891. fo 103. Cette délibération ne devait être exécutoire qu’en 1662. À partir de 1662, l’élection des députés de la table et celle du primicier sont régulièrement mentionnées dans les registres de délibérations. A. V. D 30, fo 153, etc.
  2. Élections des 8 juin 1772 et 5 juin 1786. En 1772, M. de Bonneau, un des six inscrits, dit qu’il serait à propos et digne du Collège de faire une élection distinguée en faveur de M. de Poulle, la supériorité de talent de cet abbé lui ayant attiré, avec les grâces du roi, ses applaudissements et ceux de la cour et de la ville pendant une si longue suite d’années qu’il a reçu des distinctions partout où il a paru et en dernier lieu aux États du Languedoc. Il se départit en sa faveur de ses droits à l’élection et invite les quatre autres candidats à l’imiter, ce qui fut fait. Tous les docteurs déclarèrent alors à haute voix nommer M. de Poulle sans autre formalité. L’élu était abbé commendataire de Nogent, vicaire général du diocèse de Laon et prédicateur du roi. — Même procédure en 1786. A. Y. D 35, fos 62 et 297.