Code, le Digeste et les Décrétales, sans paraître soupçonner les progrès des sciences sociales, le droit des gens, le droit public, même le droit criminel ou la procédure, pour ne point parler des questions depuis si longtemps débattues de souveraineté, de propriété, de liberté individuelle ou politique. Ajoutons l’isolement où, en dépit du Collège des docteurs qui les gouvernait toutes, les diverses Facultés s’étaient maintenues, les unes par rapport aux autres, l’absence de tout lien intellectuel qui les unit, les cours peu fréquentés, la scandaleuse facilité des examens et, par suite, la dépréciation croissante des diplômes… Un tel état de choses était-il compatible avec le réveil de l’esprit public que tant de symptômes annonçaient ?
Sans soupçonner toute l’étendue du mal, ni prévoir d’où viendrait un jour le remède, quelques docteurs avignonais s’étaient émus de tant d’abus commis journellement sous leurs yeux. Non certes qu’ils aient jamais reconnu l’insuffisance scientifique d’un corps auquel ils étaient très fiers d’appartenir : l’idée d’une rénovation des études était bien loin de leur pensée ; mais, sans changer le cadre étroit où ils se mouvaient, ils souhaitaient de le voir mieux rempli et appelaient de leurs vœux une administration plus équitable, un enseignement plus complet et mieux suivi, des examens plus rigoureux, une discipline plus forte et mieux obéie, chez les maîtres comme chez les étudiants. Telles sont, par exemple, les vues qu’en 1763, un ancien primicier, dont la rancune peut-être aiguisait la clairvoyance, développait en maintes lettres adressées au cardinal secrétaire d’État à Rome. Le népotisme qui s’étalait impudemment dans le Collège des docteurs et viciait ses décisions, ses choix et jusqu’à l’élection même des régents et du primicier, les absences trop fréquentes des professeurs — pour quelques-uns c’était, disait-on, « une éclipse totale », — les attestations d’études de complaisance, les inscriptions antida-